Histoire de nos villages : Chauconin-Neufmontiers
Écrit par Brigitte SOUGAKOFF le 6 avril 2021
Les premières traces d’habitat sur le territoire de la commune de chauconin-Neufmontiers remontent à la période gallo-romaine. Lors de la construction de la prison, les fouilles archéologiques effectuées fin 2001 ont mis au jour les restes d’un petit établissement rural datant de cette époque (une cave, des fosses), et plusieurs céramiques. La première mention du nom du village de Chauconin apparaît dans les textes du VIIIème siècle sous la forme “Coconiacum”. L’étymologie est incertaine et le nom pourrait provenir du latin “coquus” (cuisinier).Quant au village de Neufmontiers l’origine provient du mot “monasterium”, ou «moustier», c’est-à-dire monastère en référence à un prieuré créé au 12ème siècle par les abbés de Saint Faron qui placèrent quelques religieux bénédictins de leur couvent dans le nouveau monastère pour le tenir dans leur dépendance.
Mais tout commence avec St Saturnin…
Qui soupçonnerait de nos jours que sur le vieux chemin de Meaux à Lagny par Trilbardou il existait un village, une paroisse, aujourd’hui disparue, comme engloutie sous les terres cultivées , nommée Saint-Saturnin et dont Chauconin était dépendant?
Une première cause de la décadence de ce village tient aux pillages de la Jacquerie de 1358 qui succèdent 10 après aux ravages de la Grande Peste.
La deuxième fut l’exode des habitants fuyant l’occupation anglaise qui dura 19 ans. Les habitants vinrent se fixer à Chauconin et après le départ des Anglais, le village de Saint-Saturnin ne fut pas réoccupé par ses habitants et les maisons tombèrent en ruine. L’église cependant continua à être fréquentée, et les morts de Chauconin étaient à l’époque toujours enterrés à Saint-Saturnin. Le chemin qui conduit de Chauconin à l’emplacement ou se trouvait Saint-Saturnin s’appelle encore aujourd’hui “le chemin des morts”.
Chauconin
Chauconin avait au 12è siècle ses seigneurs aborigènes dont on trouve la trace dans des archives anciennes. A coté de ces seigneurs, on trouvait des possesseurs de fiefs particuliers comme le hameau de Rutel, fief qui appartenait alors à Chauconin . Dans le Livre des vassaux de 1172 à 12222 est consignée la dispute entre Foucaut et Gauthier de Saint Denis sur la possession d’ « un arpan de pré de Chautconnis et une meson en laquelle la bancloche siet »,La blancloche étant une cloche que l’on faisait sonner dans les grandes circonstances et en particulier quand on exécutait des criminels.
La famille Chauconin, seigneurs autochtones, posséda le village jusqu’au 15è siècle . En 1650 ce fut le marquis de Bonnivet, Jacques de Mesgrigny . Puis se succédèrent les familles Pinon et Ricouard. Cette dernière posséda le château de la Motte de St Saturnin et celui du Martroy à Chauconin.
L’actuel Château du Martroy fut construit au XVIIIe et agrandi au XIXe, sur les fondations de l’ancien domaine du XVIe siècle. Il a appartenu successivement au vicomte Daru, commandant d’artillerie, à Armand du Plessis de Caulaincourt, duc de Vicence, grand écuyer de l’empereur et en 1829 le château appartenait au vicomte Camus du Martroy.
L’actuelle propriétaire continue d’accueillir les visiteurs sur rendez-vous dans ce cadre XVIIIe.
C’est Antoine de Ricouard d’Hérouville, comte de Claye, général de réputation ,qui contribua à la construction de l’église en 1580. La maison d’école à appartenu jusqu’en 1789 à la fabrique de l’église (ensemble de « décideurs »qui assuraient la responsabilité des fonds et revenus nécessaires à la construction et entretien des édifices religieux ) qui y logeait le maitre et lui payait en outre 108 livres sur ses revenus lesquels n’atteignaient pas 300 livres.
Chauconin était une vignerie, c’est-à-dire une des quatre seigneuries de la Brie où l’on rendait la justice. La légende de L’orme de Vauru en est resté tristement célèbre:
Vaurec, participant à la défense de Meaux devant l’invasion anglaise fouillait la campagne et rançonnait les voyageurs. Ceux qui ne pouvaient pas payer étaient pendus à un orme et l’on vit jusqu’à 80 et 100 victimes accrochées à cet endroit. L’orme de Vauru (le nom lui resta) fut longtemps un sujet de terreur pour le pays. Le roi d’Angleterre lui-même, indigné de tant de cruauté fit décapité celui qu’on avait baptisé « Le batard de Vauru » et le fit pendre a ce même orme.
Au 18è siècle l’exécuteur de la haute justice pendait encore les malfaiteurs en ce lieu.
En 1900 Chauconin comptait 210 habitants, 3 auberges, 1 maréchal-ferrant, 1 mécanicien, 1 pépiniériste, 1 râperie (servant à râper les betteraves pour le compte de la sucrerie de Villenoy, village voisin), quelques fermes dont la ferme du Pré qui appartint à l’abbaye de Chaage, des maisons de campagne comme “le Poncelet” érigé en fief à la demande du fermier qui la possédait, ou “le Puits” qui comporte un atelier d’artiste et fut entre 1913 et 1930 la propriété du publiciste parisien Etienne Chichet et Orgemont, maison de campagne construite par Mulot d’Orgemont qui y annexa une pépinière.
Neufmontiers
Situé sur le penchant d’un coteau au bas duquel coule le ruisseau de Rutel, Neufmontiers englobait à l’origine le territoire de Penchard. La plus grande partie du territoire appartenait à l’abbaye de Saint -Faron de Meaux
Au 18ème siècle on vendit comme biens nationaux les fermes ayant appartenu aux établissements religieux. D’autres furent démolies comme celles de la Grande-Cour, du Couvant et d’Ozière.
En 1900 Neufmontiers comptait 506 habitants, 4 auberges, 2 boucheries, 1 bourrelier, une boulangerie, 2 charrons, 1 cordonnier, 1 maçon, 1 maréchal-ferrant, 2 marchands de paille (confection de clayettes), 1 menuisier, 1 tonnelier, plusieurs fermes dont la ferme de la Grand’ Cour (plus tard ferme Proffit, devenue la Mairie en 1987), du Couvant (plus tard ferme Hérin), d’Ozière.
L’église Saint Barthélémy a été reconstruite en 1857 pour remplacer un ancien édifice du XVIème siècle tombé en ruine.
Nous voilà déjà au 19ème siècle.
Il existe à Neufmontiers un bois dit ” Bois du télégraphe ” au nord du village. Au sommet de la colline de Montassis, existait effectivement une tour du télégraphe Chappe. Ce télégraphe dit de Penchard n’était pas sur ce village mais sur la commune de Neufmontiers. Il a fonctionné jusque vers 1848. Il ne reste aucun vestige de cette tour .
La station de Neufmontiers se trouvait sur la ligne Paris-Strasbourg. Cette station était établie sur une tour ronde. Elle a été construite en 1797 et a disparu en 1848. Elle était en relation à l’ouest avec celle de Carnetin et à l’est avec celle de Montceaux. Ce réseau, essentiellement stratégique, servant à transmettre des messages d’ordre politique et militaire,
Il est peu de communes sur le territoire desquelles ne s’élevassent pas des château ou manoirs dont le nom même n’a pas survécu. Ainsi à Neufmontier Madame la baronne de Baulny était propriétaire du château de Beauliard, château féodal détruit mais mentionné dans le dictionnaire topographique des environs de paris de 1812 .
En 1841 Neufmontiers possédait deux moulins .. Un à eau et l’autre à vent.
Ils n’ont, comme de nombreuses fermes pas survécus comme la ferme des Touches qui appartenaient à l’hospice de Meaux .
En 1900 Neufmontiers comptait : 506 habitants, 4 auberges, 2 boucheries, 1 bourrelier, une boulangerie, 2 charrons, 1 cordonnier, 1 maçon, 1 maréchal-ferrant, 2 marchands de paille (confection de clayettes), 1 menuisier, 1 tonnelier, la ferme de la Grand’ Cour (plus tard ferme Proffit, devenue la Mairie en 1987), le Couvant qui appartenait à l’abbaye de St Faron (plus tard ferme Henrin).
Neufmontiers deviendra Neufmontiers-lès-Meaux par décret du 5 décembre 1908.
Depuis 1972
Les 2 villages fusionnent en 1972, après qu’en 1968 le quartier d’Orgemont fut rattaché à la ville de Meaux. La population de Chauconin était alors de 230 habitants, celle de Neufmontiers de 340. La superficie totale de la commune passe à 1739 ha.
De profondes mutations interviennent : la fusion des 2 villages ouvre une nouvelle ère, permet la réalisation d’équipements modernes : assainissement, station d’épuration (1976), puis arrivée du gaz naturel. Des terres agricoles sont vendues, les lotissements prolifèrent : la Croisée, la Chantonne, les Coteaux, le Moulin, les Jardins, la Grand’cour…La population s’accroît, 1276 en 1984, 1489 en 1990, et 1937 aujourd’hui; elle rajeunit également (environ 30 % de la population a moins de 18 ans). Seules 5 exploitations agricoles subsistent.